Que vous construisiez une maison neuve, ou que vous rénoviez une maison existante, prévoir une bonne isolation est primordial. Vous économiserez de l’énergie, mais aussi de l’argent ! Je vous présente ici des matériaux isolants que j’ai comparés au regard de leur « qualité écologique ».
Je les ai classés par ordre, du plus polluant au plus écologique, en tout cas à mes yeux. J’ai fait cette classification en prenant en comptes 7 critères :
1/ Est-ce que cet isolant est local ?
2/ Est-ce un matériau renouvelable ?
3/ Est-il durable dans le temps ?
4/ Est-il recyclable ?
5/ Est-il bon pour la santé ?
6/ Consomme-t-il beaucoup d’énergie dans son cycle de vie ? (énergie grise)
7/ Quel est son bilan carbone ? (quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère)
J’ai évalué ces isolants sur 5 points par critère, et j’en ai extrait une note sur 35 points, que j’appellerai leur « bilan écologique ».
Enfin je vous indiquerai l’épaisseur nécessaire, et le prix de chaque isolant à capacité isolante égale.
Vous aurez ainsi toutes les cartes en main pour faire votre choix en connaissance de cause.
Polystyrène
C’est un isolant très répandu ; on l’utilise beaucoup pour l’isolation par l’extérieur, car il ne craint pas du tout l’humidité. Il a une très bonne résistance à la compression, ce qui le rend très adapté pour isoler le sol, sous une chape, ou sous un dallage. Par contre le polystyrène est un mauvais isolant acoustique ; tous les autres isolants ici présentés sont meilleurs que lui.
Côté bilan écologique, il est malheureusement très mauvais.
C’est un matériau issu de l’industrie pétrochimique : il n’est ni local, ni renouvelable. Il n’est pas recyclable et sa dégradation est de l’ordre de 1000 ans ! De plus, il n’est pas très bon pour la santé, car il émet des COV (composants organiques volatiles) et il est très toxique en cas d’incendie. Pour sa fabrication et son transport, le polystyrène nécessite beaucoup d’énergie grise (500 kWh/m3) et rejette beaucoup de CO2 (107 kg eqCO2/m3).
Bref, c’est un matériau à n’utiliser que lorsqu’on n’a pas d’autres solutions : il reste souvent très pratique pour isoler sous les dallages (quoique d’autres solutions existent)… mais pour le reste, il est vraiment à éviter !
Pour une Résistance thermique de 7 m².K/W : épaisseur 25 cm pour 27 € /m² environ.
Laine de verre
La laine de verre – ou sa cousine, la laine de roche – a un très bon rapport performance/prix : à épaisseur égale, c’est l’isolant qui isole le plus efficacement parmi les matériaux ici présentés, et ce pour un prix très abordable. C’est ce qui explique qu’elle soit si largement utilisée.
Cependant, son bilan environnemental est mauvais, car sa fabrication nécessite une énergie grise importante due à la fusion du sable. Elle n’est pas très durable, car elle se tasse avec le temps, ce qui lui fait perdre une bonne partie de sa capacité isolante. Côté santé, la laine de verre présente l’inconvénient d’irriter la peau lorsqu’on la manipule.
Pour une Résistance thermique de 7 m².K/W : épaisseur 22 cm pour 19 € /m² environ.
Laine de bois
Elle est obtenue à partir des déchets de l’industrie du bois, dont on va séparer les fibres. La laine de bois dispose d’un pouvoir isolant légèrement inférieur à celui de la laine de verre : pour donner un ordre de grandeur, 10 cm de laine de verre équivalent à 12 cm de laine de bois.
D’un point de vue écologique, la laine de bois a par contre un bilan bien meilleur : le bois est un matériau renouvelable, et les usines qui fabriquent cet isolant ne sont pas très loin de chez nous (principalement situées dans les Vosges, les Landes, et Allemagne).
Elle dure dans le temps, et n’a aucun souci pour être recyclée. Il faut peu d’énergie pour la fabriquer, et au lieu de rejeter du carbone dans l’atmosphère, elle stocke le CO2 ! (car le bois est fait de carbone).
L’inconvénient, c’est qu’elle nécessite un traitement ignifuge (contre le feu) et contre les rongeurs. Ces traitements sont sources d’émission de COV, néfastes pour la santé.
Globalement, son bilan écologique est très bon. C’est le premier des isolants dits « écologiques ».
Pour une Résistance thermique de 7 m².K/W : épaisseur 27 cm pour 24 € /m² environ.
Ouate de cellulose
On l’utilise souvent en la soufflant en vrac pour isoler les combles. Elle est obtenue à partir de papiers recyclés qui ont reçu des traitements à base de sel de bore, pour garantir la résistance au feu, empêcher la formation de moisissures et la venue des rongeurs. Ce traitement est naturel et inoffensif pour la santé.
La ouate de cellulose dure très bien dans le temps. C’est un matériau recyclable, quoique ce recyclage soit rendu difficile à cause de l’encre du papier. Il rejette très peu de CO2 dans l’atmosphère et, comme la laine de bois, il consomme peu d’énergie pour sa fabrication.
Globalement, cet isolant a un très bon rapport performance/prix/qualité environnementale.
Pour une Résistance thermique de 7 m².K/W : épaisseur 27 cm pour 10 € /m² environ.
Laine de chanvre
La laine de chanvre est produite en France : on cultive le chanvre principalement en Vendée. Sa culture se pratique sans pesticide, herbicide, ni engrais chimique.
C’est un matériau renouvelable, encore mieux que le bois, puisque le renouvellement se fait chaque année, là où le bois demande environ 25 ans.
Il est naturellement antifongique (il résiste aux champignons), antibactérien, et répulsif aux rongeurs et autres insectes nuisibles. Il n’a donc besoin d’aucun traitement, tout est naturel avec le chanvre.
Pour une Résistance thermique de 7 m².K/W : épaisseur 28 cm pour 29 € /m² environ.
Paille
La paille est vraisemblablement le meilleur de tous les matériaux isolants :
– local, car produit à côté de chez vous
– renouvelable chaque année
– durable dans le temps
– recyclable, voire même mieux : compostable
– inoffensif pour la santé
– pas d’énergie supplémentaire consommée
– stockage de carbone, tout comme le bois…
Bref, cet isolant cumule toutes les vertus, et en plus, son prix est imbattable !
Pour une Résistance thermique de 7 m².K/W : épaisseur 37 cm pour 4 € /m² environ.